Chers amis lecteurs,
Je me suis aperçue en me préparant à écrire, que je n'en avais pas terminé avec l'authenticité, et que je le savais déjà quand je vous en ai parlé la première fois, si bien que j'avais intuitivement intitulé ma Lettre "À propos de l'authenticité - chapitre 1er". C'est donc d'authenticité et d'hypersensibilité que je suis venue vous parler, en ce premier vendredi d'avril. Lundi, j’ai dit au-revoir à une personne très spéciale, que j'aimais pour ce qu'elle était, et qui entrait dans ces deux catégories. Et, bien que différemment car issue d'une autre histoire, moi aussi j'en fais partie. Et cette appartenance m'a longtemps valu beaucoup d'ambivalence et ce sentiment très étrange qui dérange d'être souvent là où on ne vous attend pas et pas là, là où on vous attend.... Dans tous les sens du terme. Le tout agrémenté d'une forte sensation de dissonance et d'inadaptabilité : on voit, on perçoit, mais on se sent décalé, à côté. De soi et du monde, des autres, de la vie, du "travail" et du bon comportement, de la bonne pensée, celle qui fait la pluie et le beau temps de la plupart des gens. Alors qu'en réalité, on ne regarde simplement pas dans le bon miroir, comme vous le verrez plus tard... Et j’ai aussi récemment intégré un groupe, un collectif de Grandes Femmes qui Marchent, comme j’aime à appeler les âmes en chemin vers plus de justesse, de beauté et d’harmonie dans le monde, le leur et le nôtre. Et il se trouve que le coeur de mission et la mission de coeur de ce collectif est d’oeuvrer, dans les grandes lignes, à l’inclusion et à l’égalité, des chances, des êtres, des hommes et des femmes, de tous les hommes et de toutes les femmes, dans leur entièreté et la pleine expression de leur potentialités. Alors je me dis qu’il y a là une sorte de synchronicité. Oui parce qu’on parle beaucoup, de plus en plus, d’authenticité et d’hypersensibilité (qui, comme la femme, s’est vue conférer sa journée), mais je me demande dans quelle mesure on les prend réellement en considération, de quelle façon on les valorise. Sans parler d’intégration dans la société des personnes qui en sont fondamentalement constituées, ou dans le monde du travail… Mais que signifie vraiment le fait d’être authentique et/ou hypersensible ? Pour ce qui est de la première, je suis tombée dans mes recherches sur cette définition simple : “Être authentique, c'est lorsque la tête est en mesure de mettre les mots justes sur ce que le coeur ressent. Souvent, les gens confondent «honnêteté» et «authenticité». Je peux être très honnête en disant à une personne que je la trouve hypocrite. Je peux avoir raison, elle peut être hypocrite. Toutefois, ici, je suis en train de porter un jugement sur la personne. Ce n’est pas ça l’authenticité...” (suite de l’article ici) Être authentique, c'est lorsque la tête est en mesure de mettre les mots justes sur ce que le cœur ressent. Cette description me semble être au plus proche de ce que j’attache moi-même à ce terme, le sens qu’il évoque pour moi. Ce lien direct et sans filtre entre la tête et le cœur, les mots et les émotions, l’être et l’agir, le dire et le ressentir. Et le Huffington Post de s’interroger justement : mais alors, “Les personnes authentiques sont-elles plus heureuses ?”, oui ou non ? La question vaut la peine d'être posée, elle est d’actualité. Et à mettre en perspective de la transformation de notre société, de nos engrammes culturels et de nos institutions. Car, à la lecture de cette courte phrase, on pourrait facilement penser que l’authenticité est une évidence, le pré-requis à toute forme de relation, d'action ou d’échange. La base quoi ! Mais, malheureusement nous n’en sommes pas encore là et, bien que je m’y efforce je ne fais pas exception. Non, parce que cela voudrait dire que j’ai transcendé toutes mes peurs, l’une des plus profondes et sournoises étant celle de l’exclusion, si tribale, si ancestrale, si viscérale, qu’elle en est difficile à déraciner… Cependant, au fil de mes lectures, j’ai vu se confirmer ce en quoi je crois et que j'expérimente depuis un moment déjà : l’authenticité s'apprend et s'entretient par l’accès à la lumière et à la connaissance de soi, et son incarnation, sa manifestation concrète. Et je vous partage cette légende ancienne issue de la mythologie japonaise, ce petit conte découvert il y a peu et réécrit à ma manière à l’occasion de mon dernier atelier d’écriture :
AmaTeraSu Okami, Grande Déesse du Soleil et de la Lumière rayonnait sur la Terre et dans le Royaume des Cieux. La légende raconte qu’elle avait un frère, Susanoo, Kami du vent et de la mer, et que celui-ci, rongé par la mélancolie d’avoir perdu sa mère, faisait vivre à sa soeur un enfer en adoptant constamment à son égard un comportement moqueur et provocateur. Si bien qu’un jour, au bout de ses forces qui n’étaient pourtant pas moindres, Amaterasu décida qu’elle n’en pouvait plus, se retira pour aller s’enfermer dans une caverne céleste, privant ainsi le monde de soleil par la même occasion. Sa retraite dura un temps très long, au bout duquel tous les kami du Ciel et de la Terre se rassemblèrent pour réfléchir ensemble à une solution, qui convaincrait Amaterasu de sortir de sa grotte. Ils décidèrent, après moult tergiversations, d’organiser un grand banquet au cours duquel ils demandèrent à Uzume, la Déesse de l'Aube et de la Gaieté, de danser. Intriguée par les rires et les provocations des kami, prétendant lui avoir trouvée une remplaçante, Amaterasu poussa légèrement l’énorme roc bloquant l'entrée de sa caverne.
Là, jetant un oeil dans l'entrebâillement de sa porte de pierre, elle fut soudain éblouie par son seul reflet dans un gigantesque miroir de bronze, que les kamis avaient pris soin de placer juste devant l’ouverture de la grotte. Un miroir dans lequel elle se vit pour la première fois, et qui lui renvoya sa propre lumière, celle qu’elle avait enfouie sous le poids de son coeur blessé depuis tant d’années. Elle fut alors tirée au dehors de la caverne par Ame-no-Tajikarao, Dieu de la Force et le plus fort des Kami, qui, sans perdre plus de temps, la prit la par la main, tandis que les autres bloquèrent l'entrée avec un shimenawa, une grande corde tressée comme on en trouve souvent au Japon dans les lieux sacrés, pour être bien certains qu’elle n’y retournerait plus jamais.
Le grand miroir de bronze avait montré à Amaterasu toute la lumière dont elle était faite par nature, et c’est ainsi qu’en confiance, elle put enfin se voir et rayonner de nouveau sur le monde. En guise de punition, elle bannit Susanoo du royaume des cieux, qui finit par se soumettre en lui faisant cadeau de l’épée qui lui servit à tuer le dragon à huit têtes…
Fin de l’histoire.
Et de cette histoire, c’est le miroir qui a particulièrement retenu mon attention. Parce qu’un senseï que je connais m’en parle souvent, et pour toute la symbolique qu’il porte, notamment celle du soleil universel qui se reflète en nous et que nous sommes tous en capacité de rayonner et de renvoyer tout autour de nous, pour ainsi contribuer à sa diffusion et à son expansion. Et son rôle dans le sujet qui m’occupe l’esprit aujourd’hui est celui-ci : plus nous percevons et prenons conscience de notre propre lumière, moins nous avons besoin de la chercher à l’extérieur de nous, et plus nous sommes à même d’être pleinement nous-mêmes, sans excès ni concessions, et d’inviter les autres à faire de même. S’aimer pour aimer, Aimer pour s’aimer, Et notre confiance accorder pour mieux la gagner, Et honorer tant nos besoins que le lien sacré Qui nous unit à nous, aux autres et à Tout. Et je ne peux faire autrement que de relier tout cela à mon métier, à ma mission de vie, celle que je me suis choisie, celle qui m'anime, grandit et se construit avec moi, au fur et à mesure que je grandis aussi. L’authenticité, c’est ma proposition de valeur : mettre des mots justes et beaux sur la voix du cœur, la vraie, la profonde, celle de l'intérieur et du “Moi Supérieur”. Mais j’en perçois aujourd’hui encore plus la portée, l'importance et l'urgence. L’essentialisme absolu, si notre volonté est de faire bouger les lignes et avancer le monde, modifier la s
tructure même de nos croyances, de nos systèmes de valeurs et de pensées, réparer et reconstituer le fascia planétaire, le tissu cellulaire qui sous-tend la matière qui nous sert d'atmosphère, et avec lui toutes nos entreprises, nos associations et nos organisations. Les mots sont des feuilles de buvard blanc, ils prennent la couleur de nos intentions. L’Authenticité ne doit être ni une utopie ni une illusion, encore moins une jolie expression, mais le coeur battant de nos paroles et de nos actions. Quand à l’hypersensibilité, qui me semble tout aussi indissociable de l’élévation de nos consciences et du changement du monde, je l'aborderai dans un second temps, afin de lui réserver toutes l’attention qu’elle mérite… Je vous souhaite un joyeux week-end Pascal, à l'air libre et familial,
Diane
Auteure de Sens
"l'Émotion, le Sens et l’Intuition au service de la Communication"
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